Table des matières

Chapitre 1

Tout l'hiver, ils y ont pensé. Ils ont rêvé aux vacances. Tous les vendredis soirs, ils ont regardé des cartes géographiques, des feuillets publicitaires, des atlas; enfin, tout ce qui leur tombait sous la main.

Maintenant tout est décidé. Leur destination, c'est la Caroline du Nord. Le quinze juillet mil neuf cent quatre-vingt-six est enfin arrivé! La famille Maloin fera sa première expérience de camping aux États-Unis.

***

Sylvain atout préparé: canne à pêche, boussole et tout ce qui peut être utile pour son escalade en montagne. Même son chien Polo a été averti de se garder en forme car les excursions seront nombreuses.

Stéphanie, quant à elle, adore lire. Elle s'est procuré plusieurs livres à la bibliothèque et elle a l'intention de tous les dévorer durant ce voyage.

Les parents, de leur côté, ont très hâte de partir. Leurs bagages sont faits. Il ne reste qu'à ranger leurs affaires dans l'automobile. Ils pourront enfin partir. Ils partent tout heureux.

***

Rien ne pouvait laisser prévoir les aventures qu'ils vivraient au cours de ces deux semaines tant attendues...

***

Tout heureux, ils arrivent à leur destination en Caroline du Nord.

  • Le camping est magnifique! dit M. Maloin! Tout ce qu'on désirait: beaucoup d'oiseaux, de rivières, enfin, beaucoup de nature.

Malgré une crevaison, le voyage s'est très bien déroulé. Il a duré quinze heures. Pendant ce temps, Stéphanie a dévoré trois livres. Sylvain a préparé une liste de tout l'équipement dont il aura besoin pour ses nombreuses excursions. Polo surveillait les recherches de son maître.

Dès leur arrivée, tous s'affairent à la préparation de la tente-roulotte. Une heure plus tard, tout est installé.

Les quatre premières journées se passent comme prévu: promenades, feux de camp, pêche, lecture.

Chaque jour, Polo s'éloigne une peu plus du campement. Il aime bien découvrir de nouvelles choses. Un matin, il revient avec un oiseau dans sa gueule. Une autre fois, il revient avec un petit bâton. Il rapporte toujours quelque chose...

***

La cinquième journée, une excursion est au programme.

Très tôt le matin, au lever du soleil, Sylvain se prépare: il met dans son sac sandwichs, eau et fruits.

  • Vaut mieux plus que moins! J'y vais! lance-t-il à sa mère. J'amène Polo. Nous serons de retour, au plus tard, à deux heures.

Leur promenade débute. Après trente minutes de marche, Polo commence à s'exciter. Il sautille, il va et il vient. Le goût de l'aventure l'emporte et il s'enfuit dans la forêt...

  • Attends! Attends!, crie Sylvain. Je n'ai plus l'énergie de te suivre. Il faut que je m'arrête!

Sylvain s'appuie contre un arbre.

  • Je vais fermer les yeux quelques instants, pense-t-il. Ainsi, Polo aura le temps de me rejoindre...

Au bout de trente minutes, Sylvain se réveille en sursaut. Il s'aperçoit que Polo n'est pas revenu. Il part à sa recherche...

Le temps passe. Aucune trace de Polo.

***

Pendant ce temps, les parents de Sylvain s'inquiètent:

  • Où peut-il bien se trouver? dit M. Maloin. Il est déjà quatre heures, il aurait dû être de retour il y a deux heures! Je te l'avais dit, Louise, les promenades en montagne sont dangereuses. Partons à sa recherche! Je ne vois aucune autre solution! Laisse ton livre, Stéphanie!

***

À la tombée de la nuit, ils doivent revenir.

À l'entrée du camping, un autre désagrément les attend...

Le camping est désert! Il n'y a plus personne. Aucune tente. Aucune roulotte. Sauf la leur! Louise a les larmes aux yeux:

  • Qu'allons-nous faire? Pour l'instant, on ne peut pas faire grand chose. Allons nous coucher. Nous verrons ce que nous pourrons faire demain matin. Je n'y comprends rien. Nous avons suivi tous les sentiers qui semblaient avoir été piétines, et pourtant, aucune trace d'eux. Qu'est-ce qui va leur arriver?
  • Ne vous inquiétez pas, dit Stéphanie, Sylvain a déjà fait des expériences de camping solitaire au camp Olivier. Il saura se débrouiller.

***

Pendant ce temps, Sylvain continue désespérément ses recherches.

Il trouve un bâton en plein milieu d'un sentier. Il l'examine et voit des traces de crocs. Il est certain que ces marques ont été faites par Polo.

  • Je suis sur la bonne voie, mais cela ne sert à rien de poursuivre, pense Sylvain. Il fait trop noir.
Sylvain est un peu inquiet. La nuit est bien sombre. Mais il ne peut rebrousser chemin et abandonner son meilleur ami. Il espère que ses parents comprendront. Il cherche, puis il trouve un endroit pour dormir.

Cinq minutes plus tard, il tombe dans un sommeil agité.

***

Le lendemain, presqu'à la même heure, à quelques kilomètres de distance, les membres de la famille Maloin se réveillent. Le même but les anime: se retrouver tous ensemble.

Il fait déjà un peu plus frais et le vent se lève. Sylvain grignote son dernier fruit. Il reprend la route.

  • Je suis certain que je retrouverai Polo, dit-il.

***

Plus tard, il entend la voix criarde de Stéphanie. Il se laisse guider par le son de cette voix et retrouve sa famille.

En quelques minutes, il raconte à ses parents ses aventures. Il les convainc de continuer à chercher le disparu avec lui.

  • Encore une demi-heure, dit-il, pas plus. Promis!
  • Écoutez..., dit Mme Maloin, j'ai cru entendre des bruits derrière ce gros rocher. Allons voir!

***

Le vent souffle de plus en plus. Le ciel est presque noir.

Tout près du rocher, ils entendent les cris de Polo. Ils réalisent que ces aboiements proviennent de ce rocher.

Le temps est de plus en plus mauvais! Un arbre se casse et tombe près d'eux. Ils entrent à l'intérieur du rocher.

  • Je commence à comprendre pourquoi le camping s'est vidé si rapidement! s'exclame M. Maloin.

Quelques instants après leur entrée, Polo saute dans les bras de Sylvain en tremblant.

  • S'il tremble comme cela, ce n'est pas seulement parce qu'il est heureux de nous voir! La prédiction de Papa était bonne, dit Sylvain.
  • Ce n'est pas normal que Polo agisse de cette façon. Vite! dit Louise. Il faut essayer de retournera la roulotte avant que la tempête ne s'aggrave.

Ils se rendent vite compte que le vent balaie tout sur son passage. Le retour est impossible!

***

  • Nous sommes chanceux d'avoir un abri! Merci, Polo, de t'être réfugié dans cette grotte! Sans cet abri, je ne sais pas ce que nous deviendrions.
  • Nous aurons tout le temps voulu pour visiter cette grotte, car une tempête de cette intensité va sûrement durer des heures! ajoute Stéphanie. J'ai beaucoup lu sur les vents violents.

Ils commencent à visiter la grotte.

  • Séparons-nous, suggère Sylvain.
  • Pas cette fois! On ne se perdra pas de nouveau, réplique Louise.

Alors en groupe, ils visitent la grotte. Ils ne trouvent rien de spécial, sauf un mouchoir et une gourde.

  • Quelqu'un s'est déjà abrité dans cette grotte, dit Stéphanie, en bon détective.
  • Je le crois bien, répond M. Maloin.

Intrigués par ces objets, ils continuent à chercher, espérant, sans y croire, y découvrir un être vivant.

Ils ne trouvent aucun autre indice.

  • Je suis fatigué, se plaint Sylvain. Couchons-nous et on continuera d'explorer demain matin. C'est la seule chose qu'il nous reste à faire, puisqu'il est impossible de retourner à l'extérieur.

***

Le lendemain matin, suite à des recherches plus approfondies, ils trouvent un vieux canot d'écorce.

  • Maintenant, nous sommes vraiment sûrs que quelqu'un s'est abrité dans cette grotte, lance Stéphanie.

Quelques instants plus tard, Sylvain et son père sortent de la grotte et se mettent en route.

Après dix minutes de marche, le retour par voie terrestre apparaît impossible.

  • C'est impossible, dit Louise, ça nous prendrait un temps fou! Il faut trouver une autre solution! ajoute-t-elle sans conviction.
  • Qu'allons-nous faire? demande Stéphanie. Tous les chemins sont bloqués. On ne peut enjamber tous ces obstacles!
  • Ah, je crois avoir la solution!, s'exclame Sylvain. Je me souviens des premières journées de notre voyage... Polo et moi sommes allés pêcher dans une rivière non loin d'ici.

Polo, d'un vif mouvement de tête montre qu'il se souvient de ce moment.

  • J'ai une idée! Retournons à la grotte! Allons chercher le canot, dit Stéphanie.

***

Ils récupèrent le canot.

Après un portage d'une demi-heure, ils atteignent la rivière.

  • Ouf! Je ne sens plus mon dos! gémit Stéphanie.
  • C'est ce qui arrive aux intellectuels qui ne font pas de sport!, se moque Sylvain.
  • Allez, hop! Dans le canot! tranche M. Maloin.

***

Leur descente se fait très bien.

  • Regardez là-bas! s'exclame Sylvain. Il y a des gens qui déblayent les terrains.
  • Hourra! Hourra! crie Stéphanie. Nous sommes sauvés!

En moins de cinq minutes, ils rejoignent le bord de l'eau. Ils racontent leurs aventures aux secouristes.

  • Vous devez certainement avoir faim? demande l'un deux.
  • Évidemment, répond Stéphanie. Nous avions presque oublié que nous n'avions pas mangé depuis quarante-huit heures!

Après un bon repas, ils demandent aux secouristes de les ramener à leur site de camping.

Malheureusement, l'accès y est impossible. Les routes ne seront pas déblayées avant une semaine.

Un secouriste propose:

  • Si vous voulez, je peux vous transporter à une ville non loin d'ici à l'aide de mon hélicoptère.
  • Ce serait bien gentil de votre part, ajoute M. Maloin.
  • En attendant que vous récupériez vos affaires, le gouvernement vous logera dans un hôtel.

***

  • - Cette fois-ci, on restera à l'hôtel. On profitera de la mer pour les dernières journées de notre voyage. Je vous aurai à l'œil! lance M. Maloin d'un ton moqueur à Polo et Sylvain.
  • Je crois que c'est une bonne idée! renchérit Stéphanie.

***

À l'hôtel, Stéphanie annonce:

  • J'arrêterai de lire quelques mois, afin d'écrire le récit de toutes nos aventures.
  • N'oublie pas que c'est grâce à Polo que nous avons vécu cette belle aventure! C'est lui le héros!

Sylvain se retire avec son chien dans sa chambre en souriant.

Il sait très bien qu'avec Polo la monotonie n'est pas à craindre...

Crédits

Une montagne de souvenirs

par
Pierre-Alexandre Lussier

Page couverture
Alison Hamier

Éditions Lavalloises Enr.

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Dépôt légal – 1er trimestre 1990 Bibliothèque nationale du Québec